Hypnose & Médias Décembre 2019



Marseille: Une « première mondiale » à l’hôpital Nord pour réduire le stress des greffés du poumon. 20mn.fr

RESPIRER DE NOUVEAU Avec l'appui d'une start-up toulonnaise, l'hôpîtal Nord espère réduire l'anxieté des patients, essentielle dans la réussite de la transplantation

Quand ils arrivent dans le service pour une greffe du poumon, ces patients-là sont au bout de leur détresse respiratoire. Qu’ils soient jeunes, atteints de mucoviscidose, plus âgés, victimes de l’amiante ou du tabac, « on leur permet de respirer de nouveau, on leur redonne non seulement de l’espérance de vie mais aussi de la qualité de vie », rappelle le docteur François Maltese, psychologue dans le service de médecine intensive et réanimation à l’hôpital Nord de Marseille.

Mais pour qu’un patient délaisse enfin la bouteille à oxygène, il doit surmonter de lourdes suites opératoires. D’où l’idée de recourir à la réalité virtuelle, une « première mondiale » selon le médecin, qui attend un dernier feu vert de la Commission de protection des personnes pour débuter l’expérimentation auprès de patients en attente de greffe. En janvier au plus tard, table-t-il.

« L’enjeu, rappelle le Dr Maltese, est de faire sortir le patient le plus vite possible de la réanimation, où la durée moyenne de séjour varie de 15 jours à 3 semaines. Car plus vous restez longtemps, plus vous êtes exposés à des risques de complication et susceptibles de développer des infections. » Et le stress, l’anxiété, voire chez certains les troubles dépressifs, jouent alors un rôle déterminant, jusqu’à prolonger le passage en réanimation de plusieurs mois.

Habituer le patient à la salle de réanimation
« Il est difficile de se confronter à quelque chose qu’on ne connaît pas », insiste François Maltese, qui a fait appel à une start-up basée à Toulon pour développer une nouvelle méthodologie. Depuis 2015, C2Care travaille à mettre la réalité virtuelle au service de la santé. Ses logiciels sont utilisés par près de 600 professionnels de santé, pour le traitement des phobies, comme un vaccin qui désensibiliserait à la peur de prendre l’avion par exemple, ou pour la relaxation au moment d’un acte médical, dans un cabinet dentaire par exemple. Cette fois, il s’est agi de concevoir des séances de réalité virtuelle en amont de l’intervention chirurgicale, pour habituer le patient à l’environnement qu’il va connaître en se réveillant après sa greffe.

« C’est un concept d’hyper-immersion, avec une technologie qui nous est propre », explique Pierre Gadea, cofondateur de C2Care (« voir pour soigner », tout un message…). « On a travaillé sur un scanner qui nous permet à la fois d’avoir du réalisme, de pouvoir interagir et se déplacer comme dans un jeu vidéo, et d’avoir une vision 3D, c’est cela la grande nouveauté au niveau de la technologie », détaille-t-il. « Ils sont venus dans le service, dans nos box de réanimation, poursuit le Dr Maltese. Ce sont nos propres matériels qui figurent à l’image. »

Trois séances de 45 minutes
Le scénario a ensuite été construit pour que l’immersion soit « la plus progressive possible ». Avant la greffe, le patient se verra ainsi proposer trois séances (de 45 minutes minimum chacune). Casque sur la tête, il rencontrera le personnel soignant. Il visitera le bloc de réanimation, avec d’abord personne dans le lit. Puis il se retrouvera au moment du réveil, allongé et attaché. Les soins quotidiens, les visites médicales, les alarmes entrent ensuite en scène, jusqu’à la dernière séance où les imprévus sont abordés. « II faut parfois passer par une trachéotomie, cela permet de les préparer », explique le Dr Maltese.

Tout au long des séances, il garde la main sur le scénario, et peut varier le rythme et les situations selon les réactions du patient. « On espère aboutir ainsi à une diminution de 30 % de l’anxiété des patients en situation post-opératoire », affirme-t-il. Cette nouvelle approche va être testée auprès d’un groupe de 25 patients tirés au sort – l’hôpital Nord pratique près de 80 greffes du poumon chaque année. D’ici deux ans, ses effets devraient ainsi pouvoir être précisément mesurés. Déjà, au sein de l’hôpital Nord, d’autres services ont manifesté leur intérêt. « Si elle montre des effets positifs sur le stress, cette méthode peut-être extrapolée dans plein de domaines de la chirurgie programmée, et pourquoi pas aussi pour les grossesses à risque », projette déjà le Dr François Maltese, intarissable et passionné.

Que se passe-t-il après une attaque de panique ? Par Dr Claire Lewandowski dans Pourquoi Docteur ?...

Après une attaque de panique, la peur s’ajoute et on redoute de revivre cette situation.

L'apparition d'une première attaque de panique marque souvent une étape douloureuse dans la vie. Au-delà de l'expérience terrifiante en elle-même, la personne sujette à ce type d'angoisse ressent une peur intense à l'idée que cela se reproduise à n'importe quel moment.

Une crise impossible à prédire
Une attaque de panique, appelée aussi crise d'angoisse, apparaît lorsque l'anxiété devient très importante et déborde. Cependant, il n'est pas toujours possible de la prédire et de l'anticiper. Elle a tendance à surgir à n'importe quel moment de la vie, y compris en pleine nuit, en parlant au téléphone, avec des amis, ou dans un lieu public par exemple.

C'est cette incertitude et l'impossibilité de la prévoir qui participe à l'augmentation de l'anxiété chronique et donc à la survenue de la crise en elle-même.

Comment briser le cycle infernal de la peur ?
Même si la crise de panique en elle-même apparaît de façon très brutale, elle est en réalité issue d'un état anxieux et d'un surmenage qui s'accumulent progressivement au fil des semaines et des mois. À cette lourde charge d'angoisse s'ajoute une anxiété secondaire après la première crise avec l'idée que cela peut recommencer.

Briser le cercle vicieux de l'anxiété devient alors essentiel pour prévenir les prochaines crises. C'est pourquoi il devient prioritaire de réorganiser sa vie pour limiter les sources d'angoisse et apporter du calme et de la sérénité régulièrement dans la journée.

En multipliant les activités de relaxation comme le yoga, la méditation, l'hypnose ou la sophrologie, en prenant des pauses régulièrement et au réaménagement son emploi du temps il est possible de diminuer cette charge anxieuse quotidienne et donc les crises. Cela nécessite parfois une psychothérapie et l'implication de l'entourage pour aider à lâcher prise et à prendre plus soin de soi.

Les incroyables facultés de l'hypnose | Illustré

Domaines d’application, limites, résultats: comment les hôpitaux publics des six cantons romands utilisent l’hypnose thérapeutique dans leurs services. Les dates clés de l’histoire de l’hypnose.

Hypnose. Hypnose thérapeutique, auto-­hypnose, hypnose bien-être. Concerts sous hypnose, spectacles d’hypnose. Pour apprendre les langues, pour maigrir, pour arrêter de fumer ou gérer ses frustrations. Ni tout à fait sommeil, ni complètement éveil, l’hypnose est un état de conscience modifié.

Si ce terme, qui définit à la fois cet état particulier et la procédure par laquelle on atteint cette forme de transe, existe depuis toujours, c’est assurément aujourd’hui qu’on en parle le plus! Son efficacité n’est plus à prouver: elle constitue un atout inestimable pour la médecine occidentale. Pratiquée désormais de façon fréquente, à l’hôpital ou en cabinet, l’hypnose thérapeutique reste pourtant parfois mystérieuse pour ceux qui ne s’y sont pas frottés. Petit tour d’horizon des pratiques en Romandie. 

1. C’est quoi, l’hypnose ?

L'hypnose clinique hospitalière est un outil de soin relationnel. Il permet au patient d'atteindre un état de conscience modifié dans lequel des changements de perception sont possibles grâce aux suggestions du thérapeute. Voici la définition proposée par les HUG.
Pour la doctoresse Adriana Wolff, codirectrice du projet Programme hypnose HUG, l’hypnose permet ainsi au patient d’être «un peu ailleurs, comme éloigné de la réalité présente. Dans cet état, le raisonnement rationnel diminue et permet à la partie imaginaire du cerveau d’être plus réceptive aux suggestions et d’ouvrir des possibles, comme de voir sous un autre angle la compréhension d’une situation, de modifier des perceptions pénibles ou négatives.»

2. Comment ça fonctionne ?

L’hypnose n’est pas une simple imagerie mentale. Des études montrent que lors de suggestions de souvenirs de moments agréables, les patients sous hypnose activent des région occipitales, des régions pariétales et la région précentrale. «Comme s’ils voyaient réellement, alors que leurs yeux sont fermés, comme s’ils ressentaient des sensations, alors qu’ils sont allongés sur une table de scanner, et comme s’ils bougeaient vraiment, explique Adriana Wolff.
Ces constatations anatomiques se retrouvent dans les impressions des sujets qui disent revivre véritablement les moments remémorés. Les sujets soumis à la même expérience mais sans l’aide de l’hypnose ne rapportent que le souvenir des images des moments remémorés.» C’est ce lien privilégié avec son ressenti qui confère à la technique ce puissant effet anxiolytique et antalgique.

3. Comment les six hôpitaux cantonaux romands intègrent-ils l’hypnose ?

Genève. Précurseur en la matière, le docteur Alain Forster, anesthésiste, est le premier à avoir introduit l’hypnose aux HUG, en février 1977 déjà! En 2017, codirigé par les médecins Wolff et Siegrist, le lancement du projet Programme hypnose HUG a pour but de promouvoir à large échelle l’utilisation de l’hypnose clinique hospitalière. Deux cent vingt-cinq collaborateurs médico-soignants ont déjà été formés. Une trentaine d’indications bénéficient de l’hypnose clinique, «principalement en lien avec les situations douloureuses et anxieuses, qu’elles soient amenées par le patient ou par les soins», décrypte la doctoresse Wolff.
Lausanne. Au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), l’utilisation formalisée de l’hypnose a débuté en 2006, avec Maryse Davadant, au service de médecine intensive adulte. Aujourd’hui, la technique est utilisée dans plus de 15 services, de la pédiatrie à l’anesthésiologie, la neurologie ou la psychiatrie de liaison. «Une trentaine de médecins et infirmiers sont formés au sein du CHUV, hors psychiatrie, dénombre la professeure Chantal Berna Renella, médecin adjointe au centre de médecine intégrative et complémentaire. Le service qui a le plus de soignants formés hors psychiatrie est l’anesthésiologie, avec 12 médecins et infirmiers formés. Au sein de ce service, qui inclut le centre d’antalgie et le centre de médecine intégrative et complémentaire ainsi que le bloc opératoire, plus de 100 patients y ont accès chaque année.»

Fribourg. L’Hôpital fribourgeois pratique l’hypnose depuis dix ans au Centre de la douleur et depuis quatre ans de manière plus intensive, avec les soins infirmiers, sur l’ensemble des sites. «Quatre infirmiers sont au bénéfice d’une formation reconnue, précise Jeannette Portmann, porte-parole de l’établissement. Dix-huit soignants sont également formés à l’hypnose mais ne disposent pas de mandat officiel pour pratiquer, pour des raisons de dotation. La communication thérapeutique, elle, est enseignée à l'ensemble du personnel.»

Neuchâtel. A l’Hôpital neuchâtelois, Patrick Hasler, médecin-chef adjoint au département d'anesthésiologie, est le seul médecin formé auprès de l’Institut romand d’hypnose suisse (IRHYS). «Les premiers patients au bloc datent de 2017», explique-t-il. L’hypnose est ainsi pratiquée à l’Hôpital neuchâtelois principalement en anesthésiologie et à la maternité. «Nous avons une consultation tous les quinze jours, essentiellement dans le secteur du traitement de la douleur. Nous développons aussi la communication auprès des médecins traitants du canton. Il existe un groupe hypnose composé d’une vingtaine de personnes provenant en grande partie de l’obstétrique, qui s’intéresse fortement à la formation. Ce qui devrait être mis en place prochainement.»

Valais. L’Hôpital du Valais a introduit la pratique de l'hypnose thérapeutique depuis plus d’une décennie. D’abord dans le Valais romand, dans le domaine de la psychiatrie, et voilà quatre ans dans tous les domaines cliniques. «Près de 150 soignants, médecins, psychologues, infirmiers, techniciens en radiologie, phytothérapeutes et ambulanciers ont été formés à ce jour, énumère le professeur Eric Bonvin, directeur général. Une formation de base accueillant une trentaine de participants se déroule chaque année et tous les professionnels formés bénéficient d'une formation continue. Ce même programme de formation débutera au Centre hospitalier du Haut-Valais dans le courant de l'année 2020.

Jura. L’Hôpital du Jura est le seul hôpital cantonal romand à ne pas avoir implanté l’hypnose actuellement. «Nous allons démarrer un projet concernant l’hypnose dans le cadre de notre prochain plan d’action 2020-2022. Rien de concret pour l’instant, concède l'établissement, si ce n’est la volonté de mettre en place cette nouvelle prestation.»

4. Quelles sont les spécialités concernées ?

Tous les domaines de la médecine sans exception peuvent bénéficier de l'apport de l'hypnose. La communication thérapeutique, qui remplace les suggestions négatives par des termes positifs et aidants, permet par exemple de réduire la douleur et l'angoisse.

5. Existe-t-il des limites à la pratique?

«Pendant que je suis en intervention sous hypnose, je dois rester près du malade. Je ne peux rien faire d’autre.» Pour l’anesthésiste Patrick Hasler, une des limites de la pratique de l’hypnose se situe dans le financement de cette technique et les ressources en effectif. D’autres contraintes existent: «Tout ce qui empêche la mise en relation et le travail à partir du monde interne du patient», explique Adriana Wolff. Un délire en phase active, une démence, une surdité, l’absence de maîtrise de la langue parlée par le soignant, par exemple.

6. Quels sont les résultats obtenus ?

«Moins d’anesthésie, c’est moins de dosage, moins d’effets secondaires à la fin de l’intervention et une sortie plus rapide de l’hôpital, s’exclame le spécialiste de l’Hôpital neuchâtelois. Et surtout: on est acteur de son traitement, donc on le subit moins. Moralement, c’est un atout immense.» Les études montrent aussi que l’hypnose bénéficie autant aux soignés qu’aux soignants. Ces derniers découvrent ainsi une nouvelle manière d’accompagner les patients dans leur détresse et rendent aux sujets un rôle actif dans la gestion de leurs propres perceptions.

7. Et demain, quels sont les grands projets ?

La ville de Morges accueillera début mars prochain le deuxième colloque romand d’hypnose hospitalière et, en août, le 15e congrès européen d’hypnose se tiendra à Bâle. Pour la professeure Chantal Berna, le défi aujourd’hui est de savoir comment financer des interventions qui se sont montrées économiques et valides, mais que le système tarifaire suisse ne valorise pas. «Les effets de l’hypnose sont prouvés, l’étape suivante est de questionner les barrières à l’implémentation et de se battre pour les soulever!»

Présidente de France EMDR-IMO, Présidente de l'Institut HYPNOTIM à Marseille. Responsable… En savoir plus sur cet auteur


Rédigé le Lundi 23 Décembre 2019 à 00:43 | Lu 647 fois modifié le Lundi 23 Décembre 2019