Hypnose & Médias Novembre 2016



Mort de François Roustang, psychanalyste - Le Monde

Philosophe et théologien, François Roustang est décédé dans la nuit du 22 au 23 novembre, à l’âge de 93 ans.

François Roustang, mort dans la nuit du 22 au 23 novembre, à l’âge de 93 ans, auteur d’un grand nombre d’ouvrages, était avant tout un extraordinaire clinicien, animé d’une passion de guérir et d’une empathie pour ses patients assez unique dans le monde de la psychothérapie et de la psychanalyse. En témoigne la manière dont, un jour de 2005, il traita en une séance unique l’écrivain Emmanuel Carrère, qui lui rendit visite en songeant au suicide : « Oui, c’est une bonne solution », lui dit-il. Et il ajouta après un silence : « Sinon vous pouvez vivre. »

Né le 23 avril 1923, il entre, à l’âge de 20 ans, dans la Compagnie de Jésus tout en poursuivant des études de philosophie et de théologie. A partir de 1956, il fait partie de la revue Christus, dont il devient le directeur en 1964. En même temps, il se tourne vers la psychanalyse et devient, avec ses amis Louis Beirnaert et Michel de Certeau, membre de l’Ecole freudienne de Paris (EFP), fondée par Jacques Lacan. C’est alors qu’il commence une première cure avec Serge Leclaire.
En 1966, il fait paraître un article intitulé « Le troisième homme ». Il y démontre que le concile Vatican II a favorisé l’émergence de chrétiens qui ne pratiquent pas et ne se reconnaissent plus dans les valeurs de la foi et des sacrements. L’article aura un retentissement important dans les milieux catholiques.
Cette prise de position iconoclaste est la conséquence directe des transformations opérées par la cure sur les opinions de l’auteur, qui a lui-même perdu la foi. La Congrégation ne s’y trompe pas et démet Roustang de ses fonctions. Quelque temps plus tard, il rompt avec l’Eglise, quitte l’habit, se marie et devient psychanalyste en vouant à Freud et à Lacan une admiration sans bornes.

Trouble-fête
Mais, après avoir vécu son passage à la pratique psychanalytique comme une véritable libération, il constate avec fureur et amertume que l’EFP s’est transformée en une Eglise avec ses idolâtres et ses rituels convenus. Rien ne le révolte plus que les relations de servitude entre un maître et ses élèves. Et, pour tenter de comprendre pourquoi une doctrine aussi critique que la psychanalyse a pu se transformer en une nouvelle religion, il s’oriente vers une mise en cause radicale de ce qu’il avait tant aimé. De fait, il participe à un vaste mouvement de contestation qui traverse, à cette époque, tous les courants français de la psychanalyse. Emmené par René Major et soutenu par Jacques Derrida, ce mouvement, incarné par les cahiers Confrontation, se déploie joyeusement sur la scène psychanalytique parisienne.
En 1976, Roustang publie un ouvrage qui deviendra le manifeste le plus flamboyant de cette nouvelle orientation antidogmatique : Un destin si funeste (Editions de Minuit). S’appuyant sur une lecture critique des relations de Freud avec certains de ses disciples (Carl Gustav Jung, Georg Groddeck, Sandor Ferenczi), il accuse la doctrine psychanalytique d’être l’arme d’une folie destinée à rendre l’autre fou. Et, du coup, il fait de la cure par la parole l’instrument d’une sorte de viol subjectif qui, sous couvert de renoncement à l’hypnose, ne fait que reconstruire la dialectique aliénante du maître et de l’élève.

Fabuleux thérapeute
Magnifiquement écrit et d’une violence salvatrice, le livre obtient un succès considérable en renouvelant en partie la critique proposée quatre ans auparavant par Gilles Deleuze et Félix Guattari dans L’Anti-Œdipe (Editions de Minuit, 1972). En réalité, Roustang continue à rejeter une ancienne foi pour une nouvelle. Cependant, sous couvert de révolte permanente, il demeure un fabuleux thérapeute. Ayant abandonné la cure freudienne pour se tourner vers l’hypnothérapie, il reste le trouble-fête du milieu psychanalytique en refusant, à juste titre, les cures interminables qui ne servent, selon lui, qu’à enfermer le patient dans un repli narcissique. Depuis les années 1990, il n’a cessé de valoriser les thérapies brèves.
Dans son dernier opus (Jamais contre, d’abord. La présence d’un corps, Odile Jacob, 2015), où sont réunis trois de ses ouvrages majeurs, il explique que la meilleure manière de transformer sa vie, c’est d’effectuer un « retour au présent », de s’asseoir confortablement dans un canapé pour y trouver un nouvel espace existentiel, de cesser de se lamenter sur son passé et, enfin, de ne rien faire d’autre que d’accepter sa souffrance pour mieux l’évacuer par un cheminement intérieur et un éveil au monde. Et ça marche ! Roustang fait preuve ici, une nouvelle fois, de son talent exceptionnel et d’un humour tendre et féroce. Tel est le testament de ce Socrate rebelle, grand guérisseur des maladies de l’âme.
Elisabeth Roudinesco
 

Opération sous hypnose : une première à l'hôpital de Flers - L'Orne combattante

Mercredi 5 octobre 2016, les médecins du centre hospitalier de Flers ont réalisé une première opération sous hypnose. Une procédure qui est appelée à se développer.

Mercredi 5 octobre 2016, Nasser Kettani, médecin anesthésiste-réanimateur au centre hospitalier de Flers a un grand sourire à l’heure de rendre visite à Laurence , dans sa chambre. Quelques minutes plus tôt, il a utilisé l’hypnose pour anesthésier la jeune femme qui a subi une hystéroscopie.

« C’est une demande de ma part » sourit la jeune femme complètement remise de l’intervention et sereine. Durant trois quarts d’heure, elle était en état d’hypnose au bloc opératoire.
« Je sentais les choses mais sans aucune douleur. J’étais consciente d’être au bloc mais j’étais aussi ailleurs, dans mon souvenir. Cela n’a pas demandé d’effort particulier, simplement de la concentration. »
Lors du rendez-vous avec le médecin anesthésiste, la jeune femme avait évoqué un peu par hasard cette technique.
 « J’ai posé la question car j’ai déjà vu des reportages sur l’hypnose mais je pensais que ce n’était réservé qu’à certains hôpitaux. J‘ai déjà subi beaucoup d’opérations avec des anesthésies locales ou générales, j’avais envie d’essayer une autre technique pour éviter les endormissements, le phénomène de réveil… ».

Formé durant un an

Le Dr Kettani vient justement d’achever une formation d’hypnose médicale d’un an.
« Il y a un an et demi, j’ai entendu parler de la pratique de l’hypnose médicale. Je devais faire une formation de chirurgie infantile et j’ai finalement décidé de réaliser une formation d’hypnose médicale. »

L’hypnose est un état dissocié, sentir son corps ici et ailleurs. Cet état de dissociation permet d’oublier la douleur. « On ne s’en occupe plus, on sent mais on n’a pas mal »poursuit l’anesthésiste.
Le Dr André, chirurgien, accepte de pratiquer l’opération sous hypnose.

Favoriser une partie du cerveau
Lors du rendez-vous post opératoire, Nasser Kettani a demandé à la jeune femme de se remémorer un souvenir heureux, symbole de bien-être. Pour la jeune femme, il s’agissait d’un voyage. « Une partie du cerveau humain est très structurée, ne laisse rien au hasard. Et une autre partie est plus artistique, instinctive, permet l’imaginaire: il s’agit de favoriser ce côté plutôt que l’autre » explique le médecin. Mercredi, arrivée au bloc, l’anesthésiste a demandé à la jeune femme de se plonger dans son souvenir, la guidant au son de sa voix. « Je me suis concentrée sur sa voix et mon souvenir » explique la patiente.
Au terme de trois quarts d’heure d’opération, le Dr Kettani l’a fait revenir de son voyage très rapidement.
 « En temps normal, il faut plusieurs heures avant de laisser sortir le malade, là, c’est beaucoup plus rapide ».
Au final, Laurence aura été actrice de son opération.
« Le chirurgien m’a demandé de prendre une autre position, ce que j’ai fait ».
Multiples intérêts
Outre l’avantage d’un réveil très rapide, sans phase de léthargie, cette technique permet de diminuer considérablement l’usage d’antidouleur et d’anesthésique.
« Sur une opération de ce type, il aurait fallu refaire une injection en cours d’intervention, cela n’a pas été le cas ».
Bienfaits pour le patient, mais aussi bienfaits économiques en raison du moindre usage de produits médicamenteux et d’hospitalisation.
L’hypnose a de beaux jours devant elle. « Mais on ne peut pas pratiquer l’hypnose pour toutes opérations » poursuit Nasser Kettani pour qui la maîtrise de l’anesthésie traditionnelle reste importante.
« En matière d’anesthésie, nous sommes capables de réaliser des performances extraordinaires. C’est un peu comme appuyer sur un bouton on/off, on peut réveiller ou endormir la personne à la minute prêt. »
L’hypnose, c’est une tout autre approche. Le médecin sera bientôt épaulé dans sa tâche à l’hôpital de Flers par une infirmière anesthésiste qui achève sa formation d’hypnose médicale.
« Tout le monde peut le vivre, c’est le patient qui fait lui-même le travail, je le guide vers ses sensations agréables ».
Ludovic Lemoine
 

Laurence ADJADJ
Présidente de France EMDR-IMO, Présidente de l'Institut HYPNOTIM à Marseille. Responsable... En savoir plus sur cet auteur



Rédigé le Mardi 29 Novembre 2016 à 11:39 | Lu 881 fois modifié le Mardi 29 Novembre 2016

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